Les États-Unis sanctionnent des responsables guatémaltèques pour activités « antidémocratiques » | Actualités sur la corruption

Le Département d’État américain accuse les autorités judiciaires guatémaltèques de cibler les journalistes et de saper la démocratie.

Le gouvernement américain a imposé des sanctions à 10 responsables guatémaltèques, dont plusieurs accusés d’avoir sapé la démocratie et pris pour cible des journalistes, alors que le pays fait face à une crise électorale en cours.

Les sanctions font partie d’un rapport publié mercredi, qui nomme des personnes accusées d’activités antidémocratiques et de corruption en Amérique centrale.

Les personnes identifiées dans le rapport ne sont plus autorisées à entrer aux États-Unis et tout visa qu’elles ont du pays est révoqué.

« Cette liste identifie les personnes qui se sont sciemment engagées dans des actes qui sapent les processus ou les institutions démocratiques, dans une corruption importante ou dans l’obstruction d’enquêtes sur de tels actes de corruption au Guatemala, au Honduras, au Nicaragua et au Salvador », lit-on dans un communiqué de presse du Département d’État américain.

Le rapport du Département d’État comprend 13 fonctionnaires et personnalités publiques du Nicaragua, 10 du Honduras et six du Salvador, ainsi que les 10 du Guatemala.

Parmi eux, Mauricio Funes, qui a été président du Salvador entre 2009 et 2014.

Une élection en crise

Le rapport amplifie les préoccupations existantes concernant la fragile démocratie du Guatemala, qui a fait l’objet d’un examen minutieux ces dernières semaines alors que le pays se prépare pour le second tour de scrutin de son élection présidentielle.

La semaine dernière, le principal procureur du Guatemala a poussé avec succès à suspendre un parti politique progressiste qui avait défié les attentes lors du premier tour de scrutin le 25 juin, obtenant l’une des deux places lors du second tour d’août.

Le parti, connu sous le nom de Movimiento Semilla ou Seed Movement, avait fait campagne contre ce qu’il qualifiait d’élite corrompue travaillant à faire reculer la démocratie.

La Cour constitutionnelle du Guatemala est depuis intervenue avec une injonction contre la suspension du mouvement des semences.

Mais l’ordre de cesser de faire campagne a suscité un examen minutieux et des protestations contre le potentiel d’ingérence électorale. Certains observateurs des droits de l’homme pensent que le Seed Movement et son candidat, Bernardo Arevalo, sont perçus comme des menaces pour l’establishment politique guatémaltèque.

Le parquet a défendu ses actions, niant toute ingérence dans le processus électoral.

Accusés d’érosion de la démocratie

Les inquiétudes concernant la démocratie guatémaltèque vont toutefois au-delà du cycle électoral.

Le rapport de mercredi du Département d’État américain a énuméré plusieurs juges et procureurs accusés d’avoir « autorisé des poursuites pénales à motivation politique contre des journalistes pour avoir exercé leur liberté d’expression telle qu’elle est protégée par la loi guatémaltèque ».

La procureure Cinthia Monterroso fait partie des personnes incluses. Elle a aidé à poursuivre le journaliste guatémaltèque Jose Ruben Zamora sur ce que l’on pense généralement être des accusations de blanchiment d’argent à motivation politique. En juin, il a été condamné à six ans de prison.

Les juges Fredy Orellana et Jimi Bremer, qui ont tous deux participé au procès et à la détention de Zamora, sont également répertoriés.

El Periodico, un média d’investigation fondé par Zamora en 1994, a fermé ses portes en mai en raison de ce qu’il a qualifié de campagne de « harcèlement » du gouvernement. Il avait rendu compte de la corruption du gouvernement et des abus de pouvoir.

La plupart des autres personnes répertoriées dans le rapport de mercredi sont accusées d’actes tels que des pots-de-vin et de la corruption.

La politique guatémaltèque est toujours façonnée par les répercussions d’un conflit civil brutal qui s’est terminé après 36 ans en 1996. Il découlait, en partie, d’un coup d’État soutenu par les États-Unis qui a conduit à une série de dictatures, accusées de commettre des abus généralisés et un génocide anti-indigène.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*