Des soldats ivoiriens graciés rentrent chez eux après des mois de détention malienne

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Quarante-six soldats ivoiriens détenus au Mali depuis juillet sont rentrés chez eux samedi soir, selon un journaliste de l’AFP à l’aéroport, un jour après avoir été graciés par la junte du pays voisin.

Les troupes, dont la détention a déclenché une âpre querelle diplomatique entre les pays, ont été arrêtées le 10 juillet 2022, après leur arrivée à Bamako, la capitale malienne.

Le Mali les a accusés d’être des mercenaires, tandis que la Côte d’Ivoire et les Nations Unies disent qu’ils ont été transportés par avion pour assurer la sécurité de sauvegarde de routine du contingent allemand de la mission de maintien de la paix de l’ONU.

Samedi, les 46 sont arrivés dans un aéroport de la capitale économique ivoirienne Abidjan.

Après l’atterrissage de leur avion à 23h40 (23h40 GMT), les militaires en uniforme ont débarqué un à un, brandissant chacun un petit drapeau ivoirien.

Ils ont été accueillis par le président Alassane Ouattara avant d’entrer dans le pavillon présidentiel de l’aéroport où les attendaient leurs familles.

Ouattara a déclaré qu’il espérait que les deux pays pourraient sortir de la querelle diplomatique.

« Maintenant que cette crise est derrière nous, nous pouvons reprendre des relations normales avec le pays frère du Mali, qui a besoin de nous et dont nous avons aussi besoin », a-t-il déclaré dans un discours à l’aérodrome.


Un porte-parole des militaires a remercié Ouattara, ainsi que « le peuple ivoirien pour son soutien et sa solidarité agissante ».

« Nous sommes heureux et soulagés de retourner dans la patrie », a-t-il déclaré.

Le 30 décembre, un tribunal de Bamako a condamné les soldats à 20 ans de prison, tandis que trois femmes parmi les 49 premières arrêtées ont été condamnées à mort par contumace.

Ils ont été reconnus coupables d’« attentat et complot contre le gouvernement » et de tentative d’atteinte à la sûreté de l’État, avait déclaré à l’époque le procureur Ladji Sara.

La condamnation est intervenue à l’approche de la date limite du 1er janvier fixée par les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour que le Mali libère les soldats sous peine de sanctions.

Mais vendredi, le chef de la junte malienne Assimi Goita a gracié les 49 personnes.

Efforts diplomatiques

Une délégation ivoirienne s’était rendue au Mali pour des entretiens avant l’ouverture du procès, et le ministère ivoirien de la défense avait déclaré que le différend était « en passe d’être résolu ».

Un accord conclu entre le Mali et la Côte d’Ivoire à l’époque avait laissé ouverte la possibilité d’une grâce présidentielle.

Le gouvernement malien a cité vendredi un protocole d’accord que les deux pays avaient signé « sur la promotion de la paix et le renforcement des relations d’amitié, de fraternité et de bon voisinage entre la République du Mali et la République de Côte d’Ivoire ».


Des journalistes et des militaires attendent devant la cour d’appel de Bamako où s’est déroulé le procès des 46 militaires ivoiriens arrêtés au Mali le 30 décembre 2022. © Stringer, AFP

Il a également remercié le président togolais Faure Gnassingbé, qui a assuré la médiation dans la ligne, mais a dénoncé la « position agressive » du chef de la CEDEAO Umaro Sissoco Embalo.

Des tensions de longue date

Les relations entre le Mali et ses voisins ouest-africains étaient tendues avant les arrestations, depuis que le président élu Ibrahim Boubacar Keita a été renversé en août 2020 par des officiers irrités par les échecs à mettre fin à une insurrection djihadiste.

Le président ivoirien Ouattara est considéré comme l’un des dirigeants ouest-africains les plus intransigeants envers la junte malienne.

Après l’arrestation des troupes, l’ONU a reconnu certains « dysfonctionnements » de procédure dans une note adressée au gouvernement malien, affirmant que « certaines mesures n’ont pas été suivies ».

La présidence ivoirienne a également reconnu « des lacunes et des malentendus ».

Mais la dispute s’est intensifiée en septembre, lorsque des sources diplomatiques dans la région ont déclaré que le Mali voulait que la Côte d’Ivoire reconnaisse sa responsabilité et exprime ses regrets pour le déploiement des soldats.

Bamako souhaitait également que la Côte d’Ivoire remette les personnes qui se trouvaient sur son territoire depuis 2013 mais qui sont recherchées au Mali, ont-ils déclaré.

La Côte d’Ivoire a rejeté les deux demandes et était prête à de longues négociations pour libérer les troupes, ont indiqué les sources.

« Cette prise d’otages ne sera pas sans conséquences », avait alors déclaré Ouattara.

Les tensions ont conduit le Premier ministre malien par intérim de l’époque, Abdoulaye Maiga, à dénoncer une « synchronisation des actions » contre le Mali lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre.

Il a attaqué le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres pour avoir déclaré que les soldats ivoiriens n’étaient pas des mercenaires.

Il a également critiqué le chef de la CEDEAO, Embalo, ainsi que les chefs d’État ivoirien et nigérien.

(AFP)

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