JDeux ans après l’assassinat extrêmement traumatisant du professeur d’histoire du collège Samuel Paty le 16 octobre 2020, la question de la laïcité à l’école, principe cardinal du vivre ensemble en République, continue d’alimenter le débat public.
Le ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, a confirmé dans un entretien avec Le Monde la recrudescence de nombre d’atteintes à la laïcité à l’école – refus de certains cours, port de signes ou de vêtements religieux. Cela met en lumière deux nécessités majeures soulignées par le drame : la nécessité de vigilance et de transparence sur ces comportements, et le soutien et la protection sans faille que l’État doit apporter aux personnels de l’éducation confrontés à ces situations. Samuel Paty n’avait pas un tel soutien.
En effet, la mouvance islamiste tente de remettre en cause le principe de laïcité à l’école en utilisant les réseaux sociaux pour encourager le port de vêtements indiquant l’appartenance religieuse, avait prévenu le comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, en septembre.
Les collégiennes et lycéennes reprennent le langage des influenceuses sur TikTok qui postent des vidéos incitant au port du foulard en classe, appelant à la « ruse » en transformant un foulard en turban, ou enfilant des abayas, le traditionnel moyen-oriental robes longues portées par-dessus d’autres vêtements. Ces vidéos sont vues des millions de fois et incitent les élèves à remettre en cause la loi de 2004 qui interdit « le port de pancartes ou de vêtements par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse » dans les écoles publiques.
Dans ce contexte, il est plutôt réconfortant d’entendre le ministre de l’Education Ndiaye prendre, sur un ton plus ouvert que son prédécesseur Jean-Michel Blanquer, une position claire : reconnaître la réalité d’un phénomène longtemps minimisé, rejeter toute naïveté , de mettre en œuvre une politique de soutien aux enseignants et d’affirmer la force des principes républicains.
Alors que certains directeurs d’école réclament des règles plus précises, M. Ndiaye a raison de souligner que le libellé de la loi de 2004 permet d’interdire plus que les croix, les foulards et les kippa, et permet ainsi de gérer des situations nouvelles.
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La difficulté est que, si l’école est le premier lieu où doivent être réglés, dans le strict respect de la loi et dans le dialogue, les litiges liés aux manifestations d’affirmation religieuse voire de prosélytisme, la clé de certains de ces conflits ne se trouve pas seulement à l’intérieur des murs de l’école. Ils sont excités ou même agités sur les réseaux sociaux. Face à cette réalité, aucun enseignant, aucun chef d’établissement ne doit être laissé seul.
Plus largement, il faut rappeler inlassablement que la laïcité est un vieux principe de liberté et de cohabitation pacifique de toutes les confessions et de toutes les formes d’incroyance, et non une arme antimusulmane. Lutter contre les manifestations d’intolérance ou de sectarisme implique de crédibiliser la devise républicaine en faisant progresser, à tous les niveaux de l’éducation nationale, la mixité sociale et l’égalité des chances.
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