
Sur les murs de la Galerie Magnum à Paris, des diptyques sont accrochés, sans légendes. Par ici, on retrouve des bodybuilders fiers de leurs abdos ; là-bas, des gros plans de gâteaux d’anniversaire ; puis, des ongles peints en rouge, enserrant le fond d’un verre dans ce qui ressemble à un décor de fête. Une photo est du photographe Martin Parr et l’autre est anonyme, une scène de la vie quotidienne exhumée de l’oubli par Lee Shulman.
Depuis cinq ans, le Britannique à la tête de Le projet anonyme expose des tirages d’images de diapositives des années 1930 aux années 1980, mises en scène avec sophistication. En France, elles ont été exposées sur les murs de la gare de Lyon, dans les parcs de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), à la piscine olympique de Deauville, au festival de la photographie d’Arles et du côté de le Musée National de l’Automobile à Mulhouse – sans oublier la Corée du Sud, New York et Londres. Partout, Le projet anonyme et son esthétique vintage inspirent la curiosité et soulèvent des questions sur la pratique de la photographie professionnelle. Ces images amateurs d’une beauté mélancolique sont les vestiges d’une époque d’innocence lorsqu’il s’agit de représenter l’intime. Le grain argenté des images offre un placage d’authenticité à l’époque des filtres Instagram.
« Capsules temporelles »
M. Shulman, 49 ans, « est tombé dans » Le projet anonyme en 2017, lorsque, à la suite d’un déménagement, son père a rendu une boîte de diapositives de ses années d’études cinématographiques. Lors de sa première année à la National Film School de Londres dans les années 1990, M. Shulman a accumulé des dizaines de portraits, pour la plupart d’inconnus arrêtés dans les rues de la capitale britannique, où il est né. « Vous ne pouviez filmer que des diapositives », a-t-il expliqué. « Il fallait entraîner son œil à prendre le cadre. Parce qu’ils ne voulaient pas que nous fassions des négatifs, pour imprimer nos films. Il fallait apprendre à bien cadrer », a-t-il déclaré.
Nous sommes intéressés par votre expérience d’utilisation du site.
Après avoir obtenu son diplôme, M. Shulman a signé avec Partizan (la société de production qui représente le réalisateur Michel Gondry) et s’est lancé dans une carrière de directeur commercial. C’est un destin tout tracé pour ce fils de comptable. Il avait grandi près du monde des plateaux de tournage, dans le sillage de son père, ami de longue date et directeur financier du réalisateur anglais Ridley Scott. Au début des années 2000, M. Shulman tombe amoureux d’une Française et s’installe à Paris. Dans sa vie professionnelle, il réalise des spots publicitaires pour Ikea, le fromage Leerdammer et le déboucheur Destop Turbo, tout en tournant également plusieurs clips pour Renan Luce et la chanteuse Daphné.
Il vous reste 59,77% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
Poster un Commentaire