Relever les défis de la transition écologique

jePour être entendu et entendu, un coup de semonce doit non seulement être pertinent, mais aussi tomber au bon moment. L’alerte lancée mercredi 9 novembre par l’économiste Jean Pisani-Ferry dans une note au gouvernement français remplit ces deux conditions. Intitulé Action pour le climat : un défi économique, ce document met en évidence l’urgence de la transformation de l’économie française qu’appelle la transition écologique.

Pour M. Pisani-Ferry, il faut sortir des faux-semblants et des idées impénétrables qui empêchent une bonne évaluation des impacts macroéconomiques du changement climatique. D’un côté, les partisans de la « croissance verte », qui prônent une sorte de continuum des politiques macroéconomiques mises en œuvre jusqu’à présent, modifiées à la marge par quelques mesures en faveur de l’environnement.

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De l’autre, les partisans d’une décroissance radicale, prêts à sacrifier la création de richesses sur l’autel du climat, qui devrait permettre de dégager les moyens financiers nécessaires pour éviter la catastrophe.

Pour atteindre l’objectif fixé par l’Accord de Paris, la France devra consentir des efforts financiers considérables, aujourd’hui largement sous-estimés – par le gouvernement, les partis politiques, les administrations et les économistes.

Question existentielle

M. Pisani-Ferry, qui fut l’un des conseillers économiques d’Emmanuel Macron lors de sa campagne de 2017, conteste l’idée que la transition écologique ne sera qu’une occasion de plus d’épanouissement pour une société en quête de sens. Cela signifiera le renoncement à un certain niveau de confort et une concentration des priorités. C’est une question existentielle, qui demande un effort sans précédent, et dont l’impact sur la croissance, l’inflation, les finances publiques, la compétitivité, l’emploi et les inégalités doit être pris en compte.

Il serait irresponsable de continuer à minimiser ces changements sous prétexte de les rendre plus acceptables. Au contraire, ils doivent être clairement démontrés, anticipés, expliqués et surtout financés.

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Pendant longtemps, ce message n’a pas été entendu, car la société en était venue à croire que traiter de cette question serait l’affaire des générations futures. Avec la crise de l’énergie et la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes, cette perspective a été brutalement modifiée. Mais, s’il y a eu des progrès considérables dans la prise de conscience collective, la lutte contre le réchauffement climatique n’est toujours pas au centre du débat politique et son financement reste largement insuffisant.

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Le discours sur la transition écologique doit retrouver crédibilité et sincérité, afin de redonner confiance dans notre capacité à changer la trajectoire climatique. La première étape consiste à poser clairement la question, sans chercher à minimiser les difficultés à y faire face, pour essayer de trouver un consensus sur la manière de partager les efforts entre l’État, les entreprises et l’industrie, et l’individu. Ce ne sera pas un chemin facile, mais le pouvoir politique doit saisir cette opportunité pour lutter contre la polarisation de la société et le désintérêt des jeunes pour la politique.

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Le Monde

Traduction d’un article original publié en français sur lemonde.fr ; l’éditeur ne peut être responsable que de la version française.

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