
Les archetiers risquent-ils de disparaître ? Vont-ils subir le même sort que ceux qui travaillent l’écaille, l’ivoire ou le palissandre du Brésil ? Le monde de la musique se rassemble pour s’opposer à la proposition du Brésil d’interdire le commerce du bois de pernambouc, le seul bois utilisé pour fabriquer des archets d’instruments.
Le texte sera soumis au vote lors de la prochaine conférence des parties à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), qui se tiendra à Panama City du 14 au 25 novembre. La Commission européenne et la France se réuniront mercredi 9 novembre pour arrêter leur position, au plus tard le 11 novembre, qui sera décisive pour le lancement des discussions à Panama.
Le gouvernement de Jair Bolsonaro, toujours en poste jusqu’au 31 décembre, a dénoncé le trafic illégal de Paubrasilia echinata ou pernambuco, trouvé dans les forêts tropicales atlantiques du Brésil. Elle souhaite que cette espèce soit davantage protégée et soit déplacée de l’annexe II de la CITES – déjà extrêmement restrictive – à l’annexe I, ce qui empêcherait tout réapprovisionnement de ce bois.
Seul le bois stocké, qui doit déjà être déclaré depuis 2007, pourra être utilisé. L’ampleur de ce trafic illégal n’a pas été mesurée et concerne de nombreuses essences de bois exotiques, souvent exportées vers la Chine. M. Bolsonaro lui-même est accusé d’avoir favorisé la création d’immenses fermes de monoculture au détriment de la forêt amazonienne.
« La liberté pour les musiciens de se déplacer avec leurs archets serait considérablement entravée »
« Cela conduirait à la mort de notre métier d’archetier et aurait des conséquences dévastatrices sur l’ensemble du monde de la musique classique. La liberté des musiciens de se déplacer avec leur archet serait considérablement entravée », a déclaré l’archetier Edwin Clément, lauréat de le titre de Meilleur Ouvrier de France. Et cela handicaperait aussi les luthiers, ensembles et orchestres qui auraient à faire face à des démarches administratives compliquées.
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Ce serait un problème majeur pour les tournées puisque chaque arc devrait avoir un passeport et une autorisation pour chaque passage en douane. Seuls les musiciens baroques ne seraient pas concernés par cette mesure puisqu’ils n’utilisent pas ce bois dont les propriétés ont été découvertes par l’archetier français François-Xavier Tourte (1748-1835) en 1775.
« Aucun engin n’a survécu alors que le matériel utilisé a été inscrit à l’annexe I de la CITES », a déclaré M. Clément. Depuis 250 ans, le pernambouc est le seul matériau utilisé pour fabriquer des arcs. Sa rigidité, sa souplesse, sa densité et sa capacité à faire l’étrave la mieux cambrée restent inégalées. L’idée de le remplacer par un autre matériau a fait frissonner cet artisan. « Nous cherchons un autre bois depuis 250 ans. C’est toujours pire », a-t-il déclaré. Quant à la fibre de carbone, « elle est hautement cancérigène », a-t-il déclaré.
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