Le plan climatique des États-Unis est ambitieux, mais a un coût pour les autres pays

Janvier 2021 : C’était l’investiture de M. Biden à la Maison Blanche et le retour des États-Unis à l’accord de Paris sur le climat. Le propre projet de loi sur le climat de M. Biden a été adopté à l’été 2022, après que le sénateur démocrate Joe Manchin du Wisconsin a remporté plusieurs concessions. Le projet de loi n’a pas répondu aux espoirs initiaux du président, mais la loi, qui finance les énergies renouvelables, les réseaux, la recherche, etc., représente un investissement majeur d’environ 370 milliards de dollars (373 milliards d’euros), soit 1,5 % du PIB américain. La loi « change la donne pour la décarbonisation aux États-Unis. Le paquet dans son ensemble réduit les émissions nettes de gaz à effet de serre des États-Unis à 32-42 % en dessous des niveaux de 2005 d’ici 2030, contre 24-35 % sans elle », le groupe d’analyse économique Rhodium. Groupe heureusement dit cet été.

Il fait suite au projet de loi sur les infrastructures de 1,2 billion de dollars signé fin 2021 et à la loi sur les puces et la science de 280 milliards de dollars. Dans l’ensemble, ces projets de loi visent à défendre l’autosuffisance stratégique des États-Unis et à donner des emplois aux travailleurs américains.

Discours en sourdine sur le climat

Initialement appelé Build Back Better, le plan climat a été officiellement rebaptisé Inflation Reduction Act. Au cours des neuf derniers mois, les augmentations généralisées des prix, en particulier de l’énergie, ont été parmi les principales préoccupations des Américains, et le climat n’est pas le problème politique le plus urgent.

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Ce contexte permet de comprendre la dynamique domestique américaine : discours en sourdine sur le climat et très fortes protestations des Républicains qui accusent Joe Biden d’avoir provoqué la flambée des prix de l’énergie en combattant les industries pétrolières au début de son mandat (comme l’annulation du pipeline Keystone XL entre le Canada et les États-Unis et le gel des permis fédéraux d’exploration d’hydrocarbures).

Les États pétroliers républicains comme le Texas sont paradoxalement des acteurs majeurs de l’énergie solaire et éolienne

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Pendant ce temps, la société américaine change. Avec la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, les protestations contre le changement climatique sont devenues presque inaudibles. On parle peu de modération dans un pays qui produit en abondance de l’énergie bon marché, et personne n’envisage de restreindre les voyages en avion comme en Europe ou de baisser le niveau de climatisation. D’un autre côté, les États-Unis investissent massivement dans l’innovation. Ils sont à la tête de la révolution de la voiture électrique lancée par Tesla, et les États pétroliers républicains comme le Texas sont paradoxalement des acteurs majeurs de l’énergie solaire et éolienne.

Ainsi, depuis la découverte du gaz de schiste il y a une quinzaine d’années, les États-Unis ont fermé des centrales au charbon équivalentes au nombre de centrales nucléaires françaises et ont divisé par deux leur consommation de charbon. De 2005 à 2021, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué d’environ 20 % aux États-Unis, et les émissions par habitant sont passées de plus de 20 tonnes au début du siècle à moins de 15 tonnes, soit le double de celles d’un Chinois.

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