
La fin des petits pas, mais pas encore le début de la course. C’est ainsi que Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le Climat (HCC), résume la politique climatique actuelle du gouvernement. Dans son cinquième rapport annuel publié mercredi 28 juin, un document épais (200 pages) avec plus d’une centaine de recommandations, l’organisme indépendant juge que la France a été dépassée par les événements climatiques extrêmes qui l’ont frappée l’an dernier. Il appelle le gouvernement à « reconnaître l’urgence » de la situation et à intensifier ses efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, dont le rythme est, selon lui, « insuffisant ». Elle appelle également à une accélération des mesures d’adaptation au changement climatique, qu’elle qualifie de « réactives » pour l’instant. Rien de tout cela ne sera possible sans une « politique économique ambitieuse », qui fait actuellement défaut.
L’année 2022, emblématique de l’intensification des effets du changement climatique, a eu des « impacts graves » sur les populations, les activités économiques, les infrastructures et les écosystèmes, notent les 13 experts de l’institution – climatologues, économistes et géographes. Exceptionnellement chaud et sec, il a provoqué de nombreux décès (près de 7 000 personnes l’été), des incendies majeurs (72 000 hectares enfumés), de fortes tensions sur l’approvisionnement en eau potable de 2 000 communes et des baisses de rendements agricoles (jusqu’à -30 % pour certains secteurs). Ces effets dépassent la capacité actuelle de prévention et de gestion des crises.
Le Haut Conseil estime que la France n’est « pas prête » à faire face au réchauffement climatique, auquel elle est particulièrement exposée et qui va s’aggraver. Les températures en France ont déjà augmenté de 1,9°C au cours de la dernière décennie, contre 1,2°C dans le monde. Alors que la température record de 2022 est amenée à devenir une moyenne en France d’ici 2050-2060, « l’adaptation doit changer d’échelle et devenir transformatrice », estime le climatologue Le Quéré. Elle estime que le nouveau cadre de référence annoncé par le gouvernement – s’adapter à un réchauffement de 4°C en France métropolitaine d’ici 2100 – est « cohérent », à condition de prendre en compte les « risques supplémentaires » qui peuvent survenir.
La France doit aussi s’attaquer plus frontalement aux causes du changement climatique. Les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 2,7 % dans le pays en 2022 par rapport à 2021, ce qui signifie qu’elles sont inférieures de 25 % aux niveaux de 1990. Cette baisse, supérieure à celle observée sur la période 2011-2021 (-1,5 % par an en moyenne), provient d’une forte réduction des émissions de carbone des bâtiments et du secteur industriel. Cela est dû à la fois à des facteurs conjoncturels (un hiver doux signifiait des besoins de chauffage limités) et à des mesures d’autosuffisance en réponse à la hausse des prix de l’énergie et au plan « sobriété » du gouvernement. Ces diminutions des émissions ont été partiellement compensées par des augmentations dans les secteurs de la conversion de l’énergie et des transports. »
Il vous reste 68,13% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
Poster un Commentaire