
jeIsraël, le pays qui se veut à la fois juif et démocratique, se déchire. Ces deux factions, qui existent depuis la déclaration d’indépendance de 1948, s’affrontent après le vote à la Knesset, son parlement, lundi 24 juillet, sur le premier volet de la réforme de la justice voulue par la coalition de Netanyahu.
La portée de cet amendement à l’une des lois fondamentales du pays tenant lieu de constitution, qu’il n’a jamais eu, est relative. Cette législation permet au gouvernement de révoquer plus facilement des hauts fonctionnaires qu’il n’aime pas et de nommer des alliés politiques que la Cour suprême pourrait soupçonner d’être incompétents ou corrompus. Mais ce qui inquiète en Israël, c’est que la coalition au pouvoir a choisi de le faire passer en force, malgré un large consensus sur sa nocivité.
Cette crainte est exprimée depuis des mois par l’opposition, qui a boycotté le vote, ainsi que par l’ensemble du système judiciaire, par les entreprises et le patron de la banque centrale du pays, par l’armée et par plus d’un million de manifestants sur une population de 9 millions d’habitants. Selon les sondages d’opinion, le grand public est massivement contre la réforme si elle passe sans aucun compromis.
Ses adversaires laïcs et libéraux y voient la première étape d’une révolution des rapports de force en faveur du gouvernement. Ils craignent qu’un État autoritaire n’émerge, contrôlé par des fondamentalistes religieux, des racistes et des partisans d’un « Grand Israël », assumant un régime de suprématie juive entre le Jourdain et la mer Méditerranée.
Ces idéologues promettent de poursuivre la réforme de la Knesset après les vacances d’été en s’attaquant au mode de nomination des conseillers juridiques du gouvernement et des juges de la Cour suprême. Ils ont l’intention de profiter d’une occasion historique pour vaincre non pas l’ennemi palestinien, qui est en mauvais état, mais les Israéliens libéraux qui font obstacle à leur objectif.
Division au sein de l’armée
En 2005, l’un de ces idéologues, Moti Karpel, écrivait dans son magazine Nékouda que « préparer une fois de plus la bataille politique entre la droite et la gauche, c’est préparer la guerre précédente. (…) La prochaine bataille se profile sur l’axe judéo-israélien. Ceux qui sont avant tout juifs font face à ceux qui sont avant tout Israéliens. (…) La vision israélienne d’un pays pour tous ses citoyens, avec tout ce que cela implique, s’oppose à la vision d’une démocratie juive. »
Le terme « démocratie » est une feuille de vigne. En réalité, Karpel oppose la loi de Dieu à la loi des hommes ; opposant le pouvoir de son peuple à la citoyenneté universaliste des partisans de la démocratie. Cette lutte, qui a commencé lors de l’évacuation traumatisante d’Ariel Sharon des colonies de Gaza en 2005, est maintenant au premier plan.
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