« Le bilan de Silicon Valley Bank n’était pas si mauvais mais il était placé en obligations »

LComme l’agriculture, la finance est un pari sur l’avenir. Une tentative de donner de la valeur au temps qui passe. Vous semez une graine, vous prêtez de l’argent et le temps lui donne de la valeur. Si vous allez chez votre banquier pour placer votre argent, il vous dira que le placement le plus sûr est dans les titres de la dette publique (obligations), les bons du Trésor. Comme pour toutes les obligations, le rendement est défini dès le départ et vous récupérez votre investissement initial à l’échéance de l’emprunt, dans deux ans, dix ans ou vingt ans…

Mais que se passe-t-il si vous avez besoin d’argent avant cela ? Vous devez trouver un acheteur au prix du marché. Les choses se compliquent lorsque ce prix est inférieur à votre investissement initial. C’est ce qui est arrivé à la petite banque californienne Silicon Valley Bank (SVB) et qui a déclenché la crise bancaire actuelle.

Son bilan n’était pas si mauvais. La SVB était largement investie en obligations. Selon le Financial Times, elle y avait investi près de 91 milliards de dollars (84,5 milliards d’euros) et les avait donc comptabilisés dans ses comptes. Elle n’avait pas l’intention de vendre ces titres.

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Matérialisation soudaine

Plus tôt ce mois-ci, en raison de la hausse des taux d’intérêt, qui a rendu les nouvelles obligations, à 3 % ou 4 % d’intérêt, plus précieuses que les anciennes, à 1 % ou 2 %, la valeur de revente de ces titres n’était plus de 91 milliards de dollars. mais 76 milliards de dollars. Peu importait, puisque la SVB ne vendait pas… Jusqu’au jour où tous ses clients pris de panique demandèrent le remboursement de leurs avoirs. La banque a dû vider ses tiroirs et vendre ces obligations, matérialisant une perte de 15 milliards de dollars d’un coup.

Cette histoire réveille un vieux débat, qui est celui de l’obligation pour les banques d’inscrire chaque année les pertes potentielles à leur bilan. Ceci est requis pour certains actifs risqués mais pas pour ces obligations qui sont généralement détenues jusqu’à leur échéance. C’est ce qu’on appelle la juste valeur. Les partisans affirment que si la baisse du cours des titres de la SVB avait été marquée sur son bilan dès la fin 2022, elle aurait conduit la banque à modifier son portefeuille et elle aurait prévenu les clients plus tôt.

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Les opposants soutiennent que l’évaluation permanente de ces actifs à leur valeur de marché immédiate est un amplificateur de volatilité qui renforce l’instabilité du système financier, ce qui s’est produit lors de la crise de 2008. Ce n’est pas non plus une incitation à l’investissement à long terme, si utile à l’économie. Les banques sont bien des animaux à part dans le bestiaire économique et leur régulation par les États, qui doivent arbitrer entre relance de l’économie et protection contre les crises, est un combat sans fin.

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Traduction d’un article original publié en français sur lemonde.fr ; l’éditeur ne peut être responsable que de la version française.

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