La société française Vinci s’attend à être inculpée pour des chantiers au Qatar

L’entreprise française de construction Vinci a déclaré lundi 7 novembre qu’elle s’attendait à être inculpée cette semaine par un magistrat chargé d’enquêter sur les pratiques de travail abusives sur ses chantiers au Qatar. Le groupe a indiqué que sa filiale Vinci Constructions Grands Projets avait été convoquée par un magistrat français enquêtant sur ses travaux au Qatar « en vue d’une inculpation ». Le groupe a déclaré qu’il regrettait cette évolution et nie les accusations de recours au travail forcé et de participation à la traite des êtres humains.

Deux ONG françaises – Sherpa et le Comité contre l’esclavage moderne – et sept anciens salariés indiens et népalais qui travaillaient sur les chantiers de Vinci ont porté plainte en 2015. Ils alléguaient que des salariés travaillant sur des chantiers liés à la Coupe du monde de football avaient travaillé pendant 66 ans. à 77 heures par semaine, se sont vu confisquer leur passeport et ont été contraints de vivre dans des logements indécents.

Dans son communiqué de lundi, Vinci a démenti que les sites de transport en commun en question soient liés à la Coupe du monde, affirmant qu’ils avaient été attribués à l’entreprise avant que le tournoi de football ne soit attribué au Qatar en 2010. « Nous avons essayé en vain de convaincre le magistrat que après sept ans et demi d’enquête, ce n’était pas vraiment le bon moment pour imaginer porter plainte à quinze jours du début de la Coupe du monde », a déclaré à l’AFP Jean-Pierre Versini-Campinchi, avocat de Vinci, ajoutant qu’il craignait une « tempête médiatique ».

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Sherpa s’est félicité de l’approfondissement possible de l’enquête française. « Si Vinci devait être inculpé, cela confirmerait que les multinationales ont de plus en plus de mal à se cacher derrière leurs chaînes d’approvisionnement, l’idée qu’il est ‘trop compliqué’ d’agir », a déclaré Sherpa. L’ONG anti-corruption allègue que certains des abus ont eu lieu chez des sous-traitants employés par des sociétés tierces travaillant pour la filiale de Vinci au Qatar, Qatari Diar Vinci Construction.

Qatari Diar Vinci Construction employait 11 000 personnes à son apogée et était responsable de la construction du système de métro léger Lusail de 37 stations autour de Doha, ainsi que de la ligne rouge du métro souterrain de la capitale qatarie, indique la société sur son site Internet.

Depuis qu’il a été nommé hôte de la Coupe du monde, le Qatar a fait face à un déluge de critiques concernant les décès de travailleurs migrants et sa législation du travail. Il a introduit des changements importants depuis l’époque de la plainte française en 2015, notamment la fin de son système de travail dit  » Kafala « . Le système signifiait qu’un travailleur ne pouvait pas changer d’emploi ou même quitter le pays sans l’autorisation de son employeur.

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En vertu de la loi française, être inculpé peut faire l’objet d’un appel et ne signifie pas automatiquement que l’affaire sera jugée.

Le Monde avec l’AFP

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