La revendication d’un missile hypersonique iranien suscite l’inquiétude du chien de garde nucléaire de l’ONU

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Un général iranien a affirmé jeudi que la république islamique avait mis au point un missile hypersonique capable de pénétrer tous les systèmes de défense, suscitant l’inquiétude du chien de garde nucléaire de l’ONU.

Les missiles hypersoniques, qui comme les missiles balistiques traditionnels peuvent transporter des armes nucléaires, peuvent voler à plus de cinq fois la vitesse du son.

« Ce missile balistique hypersonique a été développé pour contrer les boucliers de défense aérienne », a déclaré le général Amirali Hajizadeh, commandant de l’unité aérospatiale du Corps des gardiens de la révolution islamique, cité par l’agence de presse Fars.

« Il sera capable de percer tous les systèmes de défense antimissile », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il pensait qu’il faudrait des décennies avant qu’un système capable de l’intercepter ne soit développé.

Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, s’exprimant lors d’un sommet de l’ONU sur le climat en Égypte, s’est dit préoccupé par cette annonce.

« Nous voyons que toutes ces annonces augmentent l’attention, augmentent les inquiétudes, augmentent l’attention du public sur le programme nucléaire iranien », a déclaré Grossi à l’AFP.

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Mais il a ajouté qu’il ne considère pas que cela « ait une quelconque influence » sur les négociations sur le programme nucléaire de la République islamique.

L’annonce intervient après que l’Iran a admis samedi avoir envoyé des drones en Russie, mais a déclaré qu’il l’avait fait avant la guerre en Ukraine.

Le Washington Post a rapporté le 16 octobre que l’Iran se préparait à envoyer des missiles à la Russie, un rapport que Téhéran a rejeté comme « complètement faux ».

Cela survient également à un moment où les manifestations secouent l’Iran depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini après son arrestation pour avoir prétendument bafoué le code vestimentaire du hijab pour les femmes de la République islamique.

Des pourparlers nucléaires au point mort

Contrairement aux missiles balistiques, les missiles hypersoniques volent sur une trajectoire basse dans l’atmosphère, capables d’atteindre des cibles plus rapidement.

Le test d’un missile hypersonique par la Corée du Nord l’année dernière a suscité des inquiétudes quant à la course à l’acquisition de la technologie, qui est actuellement menée par la Russie, suivie par la Chine et les États-Unis.

L’Iran et la Russie sont tous deux visés par des sanctions strictes – l’Iran après le retrait unilatéral des États-Unis de l’accord nucléaire de 2015, et la Russie depuis qu’elle a envahi l’Ukraine en février.

Les deux pays ont réagi aux sanctions en renforçant la coopération dans des domaines clés pour aider à soutenir leurs économies.

L’Iran a accueilli mercredi le chef de la sécurité russe Nikolai Patrushev pour des entretiens sur des sujets qui, selon la partie russe, incluaient « la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme » ainsi que des mesures pour contrer l’ingérence occidentale.

Un missile hypersonique est maniable, ce qui le rend plus difficile à suivre et à défendre.

Alors que des pays, dont les États-Unis, ont développé des systèmes conçus pour se défendre contre les missiles de croisière et balistiques, la capacité de suivre et d’abattre un missile hypersonique reste une question.

L’annonce de jeudi intervient dans un contexte de pourparlers au point mort sur la relance de l’accord nucléaire de 2015.

L’accord conclu par l’Iran avec la Grande-Bretagne, la Chine, la France, l’Allemagne, la Russie et les États-Unis lui a accordé un allégement des sanctions en échange de garanties qu’il ne pourrait pas développer une arme atomique.

L’Iran a toujours nié vouloir un arsenal nucléaire.

L’accord s’est effondré après le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 sous le président Donald Trump.

L’AIEA a déclaré jeudi qu’elle n’avait vu « aucun progrès » dans les discussions avec l’Iran sur les matières nucléaires non déclarées sur trois sites, un point de friction dans les pourparlers visant à relancer l’accord.

L’Iran a enrichi de l’uranium bien au-delà des limites fixées dans l’accord de 2015 avec les puissances mondiales, qui a commencé à s’effondrer lorsque les États-Unis se sont retirés en 2018.

Avertissement à l’Arabie Saoudite

L’affirmation de l’Iran d’avoir développé un missile hypersonique fait suite à son annonce le 5 novembre du vol d’essai réussi d’une fusée capable de propulser des satellites dans l’espace.

Les États-Unis ont exprimé à plusieurs reprises leur inquiétude quant au fait que de tels lancements pourraient stimuler la technologie des missiles balistiques de l’Iran, s’étendant à la livraison potentielle d’ogives nucléaires.

En mars, le gouvernement américain a imposé des sanctions sur les activités liées aux missiles de l’Iran.

L’Iran a averti mercredi ses voisins, dont l’Arabie saoudite, qu’il exercerait des représailles contre les mesures visant à le déstabiliser au milieu des protestations déclenchées par la mort d’Amini.

« Je voudrais dire à l’Arabie saoudite que notre destin et celui des autres pays de la région sont liés », a déclaré le ministre des Renseignements, Esmail Khatib.

« L’Iran a jusqu’à présent adopté la patience stratégique, mais il ne peut garantir qu’il maintiendra cette patience stratégique si les hostilités contre lui se poursuivent.

« Si la république islamique décide de punir ces pays, leurs palais de verre s’effondreront et ils ne jouiront plus de la stabilité », a déclaré Khatib.

(AFP)

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