
Alberto Nuñez Feijoo gardait toujours espoir. « C’est à moi d’essayer de gouverner le pays », a-t-il déclaré peu après minuit, lundi 24 juillet, depuis le balcon du siège du Parti populaire (PP) à Madrid. Il a appelé à « personne ne soit tenté de bloquer le gouvernement espagnol ». Le leader conservateur s’est dit déterminé à entamer des négociations avec les différents partis afin de rallier leur soutien à sa liste, qui a remporté le plus de suffrages aux législatives. « J’ai gagné les élections », a-t-il insisté.
Mais la musique et les confettis n’ont pas suffi à tromper beaucoup de monde. Au balcon, les sourires des dirigeants conservateurs étaient forcés et leurs visages sérieux. Ils devaient se présenter devant les militants du parti rassemblés dans la rue et jouer le rôle un peu forcé de vainqueurs des élections. Et pourtant, si les conservateurs sont bien arrivés en tête, avec près de 33 % des suffrages et 136 députés (sur 350), le résultat n’a pas été à la hauteur des objectifs que s’était fixés Nuñez Feijoo.
Il pensait qu’il gagnerait autant de voix que le Parti socialiste (PSOE) et son partenaire de gauche alternative, Sumar. Cela lui aurait permis d’exiger que l’extrême droite Vox, la formation d’extrême droite, le laisse gouverner seul, en s’abstenant lors du vote d’investiture. Désormais, non seulement il traîne derrière le PSOE, qui a obtenu 32% des suffrages et 122 sièges, mais aucune majorité de droite ne semble susceptible de se former. Pire encore, dans la foule devant le siège du PP, ce n’est pas son nom que l’on réclame, mais celui d’Isabel Diaz Ayuso, figure d’extrême droite du PP qui, pour sa part, a obtenu la majorité absolue dans la communauté autonome de Madrid lors des élections locales du 28 mai. Tout se passe comme si les militants conservateurs réclamaient déjà un changement de candidat, si l’impasse conduisait à de nouvelles élections.
Difficile de ne pas imaginer la déception de Nuñez Feijoo, ayant renoncé à la présidence de sa Galice natale, dans le nord-ouest de l’Espagne, pour répondre à l’appel de ses pairs en avril 2022. Au sein du PP, le président du gouvernement galicien depuis 2009 était perçu comme le seul homme politique ancré dans la région capable de recoudre les plaies d’un parti en proie aux tensions internes et fragilisé par la montée de Vox. Le haut fonctionnaire de 61 ans, formé chez les Frères Maristes et licencié en droit de Saint-Jacques-de-Compostelle, a eu quatre majorités absolues consécutives à la tête de sa région.
N’a pas réussi à renverser les rôles
Recueillant 98 % des suffrages, il est élu nouveau président du PP en avril 2022. Sa manière de prononcer des discours est plus posée, classique et prévisible que celle de son prédécesseur, Pablo Casado, qui, rattrapé par les débats lancés par l’extrême droite Vox, semble incapable de faire monter les scores du PP, malgré la disparition du parti libéral Ciudadanos. Nuñez Feijoo visait en revanche à reconstruire la « grande maison » de la droite, celle des majorités absolues. Comme à l’époque du premier gouvernement de José Maria Aznar et Mariano Rajoy, il vise à réunir à nouveau les électeurs du centre et de la droite dure sous les bannières du PP.
Il vous reste 43,03% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
Poster un Commentaire