LETTRE DE JOHANNESBURG
La semaine dernière, le président sud-africain Cyril Ramphosa a tenté de s’imposer comme le leader d’une médiation de paix africaine entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président russe Vladimir Poutine. L’objectif de Ramphosa était de raviver l’image de l’Afrique du Sud, accusée de soutenir la Russie dans son conflit avec l’Ukraine. Mais ses efforts ont été sapés par les maladresses logistiques et diplomatiques d’une partie de la délégation sud-africaine.
Mercredi 14 juin, plus de 100 agents de sécurité sont montés à bord d’un avion à destination de la Pologne, où ils devaient faire une escale avant de se diriger vers Kiev puis Moscou. Le contingent pléthorique, composé de policiers et d’agents de la protection présidentielle, devait assurer la sécurité de Ramaphosa en Ukraine et en Russie. Mais ils n’ont jamais rejoint le président.
Selon plusieurs journalistes qui se trouvaient à bord avec l’escorte, le décollage a été retardé à quatre reprises et l’avion a été contraint de faire plusieurs fois demi-tour juste à l’extérieur de l’espace aérien italien, avant d’obtenir l’autorisation de poursuivre son voyage. Ce n’était que le début d’une aventure qui s’annonce chaotique.
« Racisme » et « sabotage »
Arrivés à l’aéroport de Varsovie-Chopin le 15 juin en milieu de journée, les passagers se sont vu interdire de descendre de l’avion. Après une dizaine d’heures de négociations, le chef de la protection présidentielle, dans un accès de colère, a finalement convoqué les journalistes à bord, jusque-là tenus à distance. Face à eux en pleine nuit, le général de division Wally Rhoode a accusé les autorités polonaises de « racisme » et de « sabotage ».
« Ils nous retardent. Ils mettent la vie de notre président en danger. Nous aurions pu être à Kiev maintenant. Je veux que vous voyiez à quel point ils sont racistes. Nous avons été sabotés », a-t-il déclaré. Dans une diatribe confuse, il a affirmé que les autorités polonaises avaient tenté de confisquer la dizaine de caisses d’armes transportées par la délégation sud-africaine. Il a également exprimé sa surprise que son équipe ait été invitée à montrer les permis originaux obtenus pour le voyage.
Par l’intermédiaire de son porte-parole Vincent Magwenya, la présidence sud-africaine a qualifié le traitement reçu par les membres de l’équipe de protection présidentielle de « très malheureux et profondément regrettable ». Semblant suggérer l’existence d’une volonté délibérée de nuire, Magwenya a ajouté sur une chaîne sud-africaine : « Il est profondément bouleversant de voir qu’un pays qui a officiellement exprimé sa volonté de renforcer les relations bilatérales, puisse voir certains de ses responsables se comporter de manière manière dont ils se sont comportés. »
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