
Du 10 juillet au 28 juillet, l’Autorité internationale des fonds marins se réunit en Jamaïque et peut décider si l’exploitation minière des fonds marins est autorisée et sous quelles conditions. Cette décision pourrait faire passer les opérations en haute mer de l’exploration à l’exploitation avec des conséquences inévitables non seulement sur les écosystèmes marins, mais aussi sur l’augmentation des dysfonctionnements du système océanique affectant à terme l’humanité.
Les partisans de l’exploitation minière des fonds marins affirment qu’elle contribuera à la transition énergétique, nous permettant de passer à un modèle plus vert avec un coût financier et environnemental inférieur à celui de l’exploitation minière terrestre. Néanmoins, prétendre que l’exploitation minière des fonds marins soutiendra l’humanité dans sa transition vers un modèle plus vert et décarboné est faux.
La recherche scientifique a mis en évidence des risques pour la biodiversité et les écosystèmes marins, liés aux modifications de l’habitat, au soulèvement des panaches de sédiments et à une pollution sonore intense. En parallèle, il reste encore beaucoup d’inconnues sur la libération potentielle de CO2 qui a été stocké dans les fonds marins pendant des millions d’années. Au-delà de ces arguments environnementaux, les chercheurs s’accordent à dire que l’exploitation minière des fonds marins n’est pas nécessaire pour répondre aux besoins en métaux utilisés dans les énergies renouvelables.
Formes de vie uniques
L’océan nous protège depuis des siècles. C’est notre plus grand allié contre le changement climatique et absorbe plus de 90% de la chaleur générée par l’activité humaine. La mer profonde elle-même a joué un rôle clé dans le soutien de l’humanité. Récemment, l’une des molécules clés utilisées dans le vaccin Covid-19 provenait d’organismes des grands fonds marins, et un nombre croissant de brevets pharmaceutiques proviennent de découvertes faites en haute mer.
En réalité, nous savons très peu de choses sur les profondeurs marines. Jusqu’à présent, seuls 25% des fonds marins ont été cartographiés. Nous en savons moins sur les fonds marins que sur la surface de la Lune. Ce que nous savons jusqu’à présent, cependant, c’est que les écosystèmes des grands fonds abritent des formes de vie uniques, qui sont très lentes à se développer et à se reproduire, et dont la majorité n’a pas encore été identifiée et étudiée. Sans connaissances suffisantes, il nous est impossible, à nous et à nos institutions, de prendre des décisions raisonnées et des choix précis concernant l’avenir des fonds marins.
La technologie humaine a déjà atteint la plupart des endroits du monde. Nous avons modifié les paysages, radicalement changé les écosystèmes et modifié les cycles naturels. Un sac en plastique a été retrouvé dans la fosse des Mariannes, l’endroit le plus profond de l’océan.[1] Envoyer des tracteurs dans les fonds marins est un autre symptôme de notre volonté de contrôler, de dominer et de modifier l’environnement, sans se soucier des conséquences.
Moteur de la vie sur Terre
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