
Qu’il s’agisse de la guerre en Ukraine ou de la morosité de l’économie mondiale, rien ne semble pouvoir freiner un marché de l’art avide de prix stratosphériques. Les 9 et 10 novembre, Christie’s devrait franchir le cap symbolique du milliard de dollars avec la vente à New York de plus de 150 œuvres de la collection de Paul Allen, co-fondateur de Microsoft, décédé en 2018.
La collection, qui s’étend sur cinq siècles d’art, pourrait écraser les 835 millions de dollars levés en 2018 par la collection du banquier David Rockefeller, et même dépasser les 922 millions de dollars engrangés en 2021 et 2022 par l’ensemble moderne et contemporain que le promoteur immobilier Harry Macklowe et ses épouse Linda Burg vendue après leur divorce.
Avec des pièces de Sandro Botticelli, Pieter Brueghel, Vincent Van Gogh, Paul Gauguin, Claude Monet, Édouard Manet et Alberto Giacometti, la liste des œuvres achetées par Paul Allen est vertigineuse. Et plus encore, certaines estimations le sont : 120 millions de dollars pour Montagne Sainte Victoire par Paul Cézanne, l’un des deux derniers en mains privées ; 100 millions de dollars pour Les Poseuses de Georges Seurat, tableau essentiel du pointilliste ; et 90 millions de dollars pour Forêt de bouleaux de Gustav Klimt.
Puisque l’inventaire peut sembler obscène lorsque les signes de difficultés financières se multiplient, Christie’s a stratégiquement décidé de souligner le caractère philanthropique de cette vente : Tous les bénéfices seront reversés à des causes caritatives non encore identifiées.
Un milliardaire discret
Célibataire sans enfant, Paul Allen a été l’un des premiers signataires du Giving Pledge, une campagne lancée en 2010 par les milliardaires Bill Gates et Warren Buffett pour inciter les Américains les plus fortunés à donner la moitié de leur fortune. De son vivant, ses contributions philanthropiques se sont élevées à plus de 2 milliards de dollars, soit un dixième de sa fortune, estimée par Forbes à 20,3 milliards de dollars.
M. Allen était un milliardaire discret, dont les investissements n’étaient pas toujours très fructueux. Aux États-Unis, il est pourtant indissociable du succès de Microsoft, qu’il a cofondé en 1975 avec son ami d’enfance Bill Gates.
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Les deux amis, tous deux passionnés d’informatique, ont conçu une plate-forme capable d’exécuter des programmes informatiques sur des ordinateurs personnels, l’ancêtre du logiciel Windows. Mais très vite, il y a eu une brouille entre les partenaires.
Soupçonnant M. Gates d’essayer de l’évincer, M. Allen a quitté Microsoft en trombe en 1983 mais a conservé ses actions. L’introduction en bourse de la société a fait de lui un milliardaire. L’entrepreneur a investi dans le sport, l’aérospatiale et le cinéma tout en remodelant sa ville natale de Seattle.
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