« Arrêtons d’autodérision de l’enseignement supérieur français »

Pour les médias et une partie du grand public, le classement de Shanghai a deux belles qualités. D’abord, il permet d’expliquer une fois de plus que les classements internationaux ne peuvent pas vraiment s’appliquer à la France, qui est un cas trop particulier. Cela vaut également pour le Programme international pour le suivi des acquis des élèves – l’évaluation des performances scolaires menée par l’Organisation de coopération et de développement économiques. Deuxièmement, le classement de Shanghai, pour la plupart hors de propos, offre une occasion en or de pratiquer le sport national français : l’autodérision.

Dans les éditions 2020 et 2021, on notait la percée remarquable de nos meilleures universités, notamment Paris-Saclay, qui était la seule université non anglophone à entrer dans le top 20, rejoignant une cohorte d’universités américaines dont les moyens financiers et logistiques (par étudiant) sont 5 à 10 fois plus élevés. En 2022, il y a eu une surprise de taille : Chacun de nos trois poids lourds a perdu quelques places au classement ! Immédiatement et presque à l’unanimité, la presse titre sur « le déclin de nos universités ».

Lire la suite Abonnés uniquement Classement de Shanghai : trois universités françaises toujours dans le top 50

Mais où trouver ce déclin ? En 2022, comme en 2021, les universités françaises se portent bien. Nos fleurons comptent quatre universités franciliennes [Paris-Saclay, Université Paris Sciences et Lettres, Sorbonne Université and Université Paris Cité], ainsi qu’Aix-Marseille, Grenoble, Strasbourg et Montpellier, entre autres. Les trois meilleures universités d’Allemagne – ce voisin dont l’herbe est toujours plus verte – sont classées 56, 57 (Munich) et 70 (Heidelberg), loin derrière les trois meilleures universités françaises. Avec l’Université de Copenhague, les nôtres sont les seuls dans toute l’Union européenne à figurer dans le top 50.

Nous sommes intéressés par votre expérience d’utilisation du site.

Très petits écarts

Sylvie Retailleau, notre nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ne s’est pas réjouie de la nouvelle, mais elle a relevé, fort raisonnablement, une certaine « cohérence ». En fait, quand on regarde les résultats qui sous-tendent le classement, on s’aperçoit que les écarts sont en réalité très faibles. Tous les nombreux utilisateurs de ces types de classements savent que, d’une année sur l’autre, des glissements subtils sont possibles. Il y a clairement un premier groupe 100% anglophone (Harvard, Stanford, Massachusetts Institute of Technology, Oxford, Cambridge et Berkeley), et un second groupe américain que Paris-Saclay a réussi à intégrer. C’est vraiment tout un exploit. Rappelons qu’en 2019, nous n’avions aucune université dans le top 30 mondial. Et d’ailleurs, pourquoi personne n’a-t-il souligné que dans le classement par matières académiques, Paris-Saclay est première mondiale pour les mathématiques ?

Il vous reste 42,38% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*